Connaissez-vous la pollution lumineuse et son impact qui devient un problème environnemental très sérieux?
Savez-vous que 60% de la population européenne ne peut plus voir la voie lactée?
La recherche en écologie, après les premières études scientifiques des années1950, a montré l’impact de cette pollution lumineuse sur la biodiversité, tant sur les espèces végétales que sur les espèces animales, autant nocturnes que diurnes.
La lumière influence l’horloge biologique: c’est un synchronisateur. Toutes les espèces se sont toujours “réglées” sur l’alternance jour/nuit, et nous en faisons partie. La lumière des étoiles aide les animaux à s’orienter, à se déplacer, elle peut intervenir dans leur communication, ou encore dans leur reproduction. Mais la lumière artificielle peut déséquilibrer les rapports proies/prédateurs, de même que les pièges lumineux peuvent, en capturant les insectes, les empêcher de polliniser les plantes. Les espèces diurnes sont également concernées, elles n’ont plus le repère jour/nuit, et un déséquilibre dans leurs activités a pu être observé. Ainsi des passereaux qui vivent le jour se mettent à être actifs la nuit! Bref vous l’aurez compris, la lumière, artificielle en particulier, peut avoir des répercussions néfastes sur tout un ensemble de paramètres. Il est urgent d’en prendre conscience et de trouver des solutions, des aménagements.
Pour les humains, même problématique!!! La pollution lumineuse ne nous épargne pas, elle va perturber la qualité de notre sommeil, ce qui va engendrer du stress et de la fatigue, de l’irritabilité, des troubles cognitifs et de l’appétit, mais aussi certains cancers.
C’est en 2007, pour le Grenelle de l’environnement, que cette pollution a été reconnue au niveau législatif. S’en sont suivis des arrêtés et des décrets portant sur la règlementation de l’éclairage, avec pour commencer, l’extinction des vitrines et des monuments au coeur de la nuit.
En 2018, une nouvelle règlementation fixe des seuils: non seulement sur les horaires, mais aussi sur la quantité et la couleur de la lumière. Or cette pollution est proportionnelle au développement urbain, avec l’augmentation des zones résidentielles ou d’activités, c’est autant de zones éclairées!!
La problématique est aussi dans le passage à l’éclairage par LED, pour une transition énergétique, présenté comme une solution économique, mais à l’effet pernicieux. “Le Led a conduit à passer d’une lumière orange (à vapeur de sodium) à une lumière blanche (qui contient toutes les couleurs du spectre), plus ou moins riche en bleu, qui diffuse davantage les halos lumineux”.(Romain Sordello, ingénieur expert en biodiversité). C’est cette lumière bleue qui agit sur notre cycle veille/sommeil en bloquant la production de mélatonine, l’hormone du sommeil.
Sans trop rentrer dans le côté technique, la lumière blanche des LED est issue d’une lumière bleue filtrée avec un matière jaune, à base de phosphore. Mais la lumière ainsi obtenue contient encore une forte proportion de lumière bleue. Une réglementation tente de faire baisser cette quantité en imposant un seuil pour que la lumière blanche soit plus neutre. Mais la mise en pratique est difficile car cette lumière est moins confortable pour l’oeil humain (moindre rendu de couleurs).
Il est optimiste de se dire que contrairement à la pollution des sols par les métaux lourds, ici, avec la pollution lumineuse, si on éteint la lumière elle disparait. Alors réduisons les éclairages inutiles, les allées des jardins, les pourtours des maisons, les entrées de garage…Les remplacer par des détecteurs est déjà une solution au niveau individuel. Au niveau collectif, choisir des éclairages orientés vers le sol quand il n’y a pas de besoin d’éclairer dans les airs ou la forêt voisine. Ainsi une réglementation limite la proportion de lumière permise au-dessus de l’horizontale. Il est utile de savoir qu’en cas de non-respect la note peut être salée: jusqu’à 700€ par lampe non conforme!!!
Alors à vos ampoules, et à vos interrupteurs pour la préservation de notre planète.
Notes: *L’office français de la biodiversité vient de publier un guide téléchargeable gratuitement pour mieux appréhender les enjeux de cette pollution lumineuse: https://inpn.mnhn.fr/docs/trame_noire/guide_trame_noire_ofb_ums_cpa39.pdf
*Un livre “Sauver la nuit” de Samuel Challéat, éditions Premier Parallèle
*Rebelle santé, article passionnant dans le numéro 237